La Tunisie dans le Global Gender Gap Report 2018
Le rapport
The Global Gender Gap Report fut publié par le Forum économique mondial en décembre 2018. L’indice cherche à mesurer les écarts entre les hommes et les femmes dans quatre domaines clés: santé, éducation, économie et politique. Il ne cherche pas à établir des priorités pour les pays, mais plutôt à fournir des données et une méthode claire pour repérer les lacunes dans chaque domaine. Les pays peuvent ainsi établir des priorités selon leur propre contexte économique, politique et culturel. L’édition du rapport de cette année présente 149 pays sur une échelle allant de 0 (disparité) à 1 (parité).
La Tunisie
La Tunisie obtient une note générale de 0.648. La Tunisie se place au 119ème rang du classement (sur 149 pays). Elle a donc un plus grand écart entre les sexes que la moyenne mondiale. Comparativement, la Tunisie avait obtenu une note de 0.629 en 2006. La Tunisie obtient de bons résultats en matière d’égalité des genres en éducation et en santé. Toutefois, les écarts entre les hommes et les femmes sont alarmants en ce qui concerne l’autonomisation économique et politique des femmes.1. L’autonomisation économique
Dans la section de l’autonomisation économique, la Tunisie obtient une note 0.439 et se classe au 135ème rang de la liste. Fait marquant, la Tunisie avait obtenu une note plus élevée en 2006, soit 0.480.
Ensuite, l’indicateur estimant le revenu gagné par les hommes et les femmes (en $US et en parité du pouvoir d’achat) a obtenu une note de 0.270. Les femmes gagent en moyenne un revenu de 5 098$ alors que les hommes gagnent un revenu de 18 889$. L’écart est colossal. Les résultats suggèrent que le pouvoir économique reste généralement entre les mains des hommes. Ces derniers demeurent le principal point de référence économique du ménage, gardant souvent le contrôle de leurs actifs financiers. Par ailleurs, cet écart peut s’expliquer par deux phénomènes. Le phénomène le plus significatif est celui de l’ampleur du travail non rémunéré en Tunisie. Les femmes effectuent la majorité des tâches non rémunérées comme les travaux de ménage, les soins familiaux et la garde des enfants. Puis, la Tunisie connaît un fossé grandissant en matière d’égalité des salaires. Le rapport mentionne qu’il n’y a pas de loi obligeant l’équité salariale.
Enfin, la note de 0.354 fut attribuée à l’indicateur de la participation sur le marché du travail. Ce résultat est bien loin de la moyenne mondiale de 0.669. Cette note classe la Tunisie comme 137ème pays sur 149 pays. Une statistique qui démontre l’écart de la participation sur le marché du travail entre les hommes et les femmes est le taux d’activité. Le taux d’activité (%) des femmes et des hommes mesure la proportion de la population en âge de travailler (de 15 à 64 ans) qui participe activement au marché du travail, que ce soit en travaillant ou en recherchant un travail. Or, le taux d’activité des femmes en Tunisie est de 27.1% alors que celui des hommes est de 76.6%. Seulement 27.1% des femmes en âge de travailler participent activement au marché du travail. Cela peut s’expliquer par l’absence de loi anti-discrimination envers les femmes sur le marché du travail. Qui plus est, le taux de chômage élevé chez les femmes contribue à expliquer leur faible taux d’activité : le taux de chômage chez les femmes est de 22.2%, soit près du double de celui des hommes à 12.5%.
2. L’autonomisation politique
La Tunisie a obtenu une note de 0.216, se classant au 55ème rang dans ce domaine. Cette note représente une légère amélioration depuis 2006 (0.110). Il y a trois indicateurs qui analysent les écarts ente les hommes et les femmes en politique. Bien que la Tunisie soit près de la moyenne mondiale en matière d’autonomisation politique des femmes (0.223), la Tunisie reste encore loin de la parité. Le premier indicateur « Femmes au Parlement » mesure le pourcentage de femmes occupant des sièges au parlement. Les résultats démontrent que le parlement tunisien est composé de 31.3% de femmes et de 68.7% d’hommes. Le rapport souligne que les partis politiques n’ont pas adopté de quotas sur une base volontaire pour favoriser la participation des femmes.
Le deuxième et le troisième indicateur mesure l’écart entre les hommes et les femmes au plus haut niveau de la prise de décision politique. L’indicateur « Femmes occupant des postes ministériels » mesure le pourcentage de femmes détenant des portefeuilles ministériels. Seulement 23.1% des portefeuilles ministériels sont détenus par des femmes tandis que 76.9% sont détenus par des hommes. Enfin, le troisième indicateur évalue le nombre d’années au cours des cinquante dernières années pour lesquelles une femme a occupé un poste équivalent à celui d’un chef d’État ou de gouvernement élu dans le pays. La Tunisie a obtenu une note de 0.00 puisque qu’aucune femme n’a été à la tête de l’Etat. Les 50 dernières années ont été occupées par des hommes au pouvoir.
La place de la Tunisie dans la région
En projetant les tendances actuelles, l’écart global entre les sexes dans la région du Moyen-Orient et du Nord de l’Afrique sera réduit dans 153 ans. Les disparités entre les sexes les plus difficiles à combler sont les dimensions de l’autonomisation économique et politique, qui prendront respectivement 202 et 107 ans globalement. La Tunisie, avec son 119ème rang, se classe en deuxième position dans la région du Moyen-Orient et du Nord de l’Afrique, suivant Israël (46ème rang) en première position et suivi des Emirats Arabes Unis (121ème rang) et du Koweït (126ème rang) en troisième et quatrième position.
Recommandations inspirées du rapport afin de réduire les écarts entre les hommes et les femmes en matière d’autonomisations économique et politique en Tunisie.
- Obtenir l’égalité successorale ;
- Valoriser le travail non-rémunéré ;
- Créer une loi obligeant l’équité salariale ;
- Créer une loi contre la discrimination envers les femmes sur le marché du travail ;
- Augmenter le taux d’activité des femmes par des politiques d’aide à l’emploi spécifiques aux femmes et par l’allongement du congé de maternité ;
- Assurer la parité ministérielle ; et
- Mettre en place des quotas dans les partis politiques.